Chrysalide Transidentités 2012


Philippe Poutou (NPA)

Réponses détaillées

1 - Arrêter l'exigence de stérilisation, de prise de traitement hormonal ou d'opérations chirurgicales préalablement au changement d'état-civil

Favorable

La transidentité montre que le genre est un concept construit la société hétéro-patriarcale afin de mieux construire les rapports de domination de l'homme sur la femme et de les rendre « acceptables ». De fait, chacun-e doit être libre de choisir son genre et donc son identité, même si ceux-ci ne correspondent pas à l'un des deux genres imposés par la société. En conséquence, chacun-e doit être libre de pouvoir changer d'état-civil, sans à avoir à passer par un protocole ou répondre à des exigences. Cela implique bien évidemment l'arrêt des exigences de stérilisation, traitement hormonal, opération chirurgicale, expertise, divorce, etc... Plutôt que créer un « troisième sexe » source de clichés. Nous sommes pour la suppression du mention du sexe sur la carte d'identité, ce qui facilitera aussi les démarches administrative des trans lors de leur transition

2 - Cesser les expertises

Favorable

Voir plus haut.

3 - Reconnaître le changement d'état-civil des binationaux

Favorable

Les possibilités indiquées dans la réponse I) 1) doivent être bien sûr ouvertes aux binationaux.

4 - Instaurer le changement d'état-civil selon une procédure administrative en mairie

Favorable

Les changements d'état-civil doivent pouvoir être réalisés en mairie simplement et gratuitement : le changement de genre en attendant sa suppression de la carte d’identité, mais aussi le changement de prénom si désiré

5 - Arrêter l'exigence de divorce

Favorable

Voir I) 1)
Il est à noter que nous sommes aussi pour l'ouverture du mariage aux couples homosexuels, ainsi que les mêmes droits pour tous les couples.

6 - Respecter la liberté de choisir ses médecins

Favorable

Le choix du médecin est un droit qui devrait être respecté. De plus, les centres de référence, dans leur forme actuelle, menacent les trans de ne plus pouvoir choisir les médecins qui les aideront à faire leurs transitions. Pour cette raison, nous sommes opposé-e-s à la création de ces centres de référence.

7 - Se désolidariser des critères discriminatoires actuellement utilisés par certains médecins

Favorable

Comme il a été dit plus haut, chacun-e doit pouvoir choisir librement son genre. En sus de l'aspect administratif décrit plus haut, cela implique que chaque trans doit pouvoir faire sa transition comme il/elle l'entend, sans qu'on lui impose un protocole. Ces protocoles ne sont qu'un moyen de s’assurer que les trans restent dans le moule du genre imposé par la société, y compris le fait qu'il/elle soit à terme hétérosexuel-le.

Les trans doivent donc pouvoir entreprendre leurs transitions sans avoir besoin de passer par un-e psy. (Les professionnels de santé étant de toute façon en mesure de les informer sur les conséquences des étapes). Cependant, déterminer son identité n'est pas quelque chose de facile et les psys doivent pouvoir aider ceux et celles qui le désirent (et uniquement ceux/celles-là)..

8 - Respecter le droit à l'autodétermination

Favorable

Voir II) 8)

9 - Retirer le 'transsexualisme' de la classification en trouble mental

Favorable

La transidentité n'est pas une maladie mentale ! Et pourtant, elle est considérée comme telle. Cette pathologisation est le meilleur moyen d'exclure une partie de la population (comme ça été le cas pour les homosexuel-le-s il n'y a pas encore si longtemps...). En faisant croire que les trans sont des malades, on cautionne le mépris de la psychiatrie auprès des trans, ainsi que les tentatives de « soigner » les trans en faisant tout pour les forcer à rester dans un genre qui ne leur convient pas. De plus, cela nourrit les préjugés de la population envers les trans. De fait, le mot « transsexualisme » doit être retiré de la classification. Cependant, cela ne suffira pas si les mentalités des psychiatres ne changent pas. Il devrait avoir aussi une meilleur sensibilisation de ces dernier-e-s.

Ce retrait ne doit en aucun cas remettre en cause les remboursements des transitions.

10 - Maintenir les remboursements

Favorable

Pour nous, le droit à la santé implique une santé gratuite. De fait, tout soin et traitement doit être remboursé. En pratique, cela implique bien sûr de maintenir les remboursements des recours au système de santé des trans.

11 - Rembourser les opérations effectuées hors de l'Union Européenne

Favorable

Les services publics doivent pouvoir fournir des services de qualité à toutes et tous. Dans ce cadre, les chirurgien-ne-s doivent êtres mieux formé-e-s pour réussir (entre autres) les opérations dont les trans, peuvent avoir besoin, avec une sensibilisation à la question pour ne pas traiter leur patient-e-s avec mépris. Cela afin de permettre aux trans de ne pas être obligé-e-s d'aller à l'étranger pour avoir une opération dans des conditions satisfaisantes (ce qui crée une sélection sociale entre les trans pouvant se permettre un tel voyage et les autres). C'est d'autant plus urgent que la majorité des opérations de ce type sont ratées par les spécialistes français-e-s. Avoir des services de santé de qualité implique aussi d'autres mesures, comme la création de plus d'emplois dans les hôpitaux.

Parce que le nombre de chirurgien-ne spécialisé-e-s n'est pas suffisant, nous sommes aussi pour le remboursement des opérations effectuées à l'étranger.

12 - Mettre en place des études sur la santé des trans

Favorable

À cause des discriminations et de la norme imposée par la société, les trans ont été trop longtemps ignoré-e-s par de nombreux organismes de santé ainsi que par les firmes pharmaceutiques. Par exemple, les tests liés au traitement du VIH ne les prennent pas en compte, alors que les (trop rares) études sur la prévalence des trans donne des résultats particulièrement alarmants (environ 50% des trans seraient atteint-e-s du VIH) et qu'on ne connait pas bien les interactions entre les traitements de trithérapie et les traitements hormonaux.

De manière générale, les études de santé doivent inclure toutes les minorités, sans discrimination. Cela inclut les trans, mais aussi les lesbiennes, gays, intersexués, personnes atteintes du VIH, etc... Et les études spécifiques à ces populations doivent être plus régulières.

13 - Permettre le recours à la conservation des gamètes

Favorable

Il est refusé aux trans d'avoir recours à la conservation des gamètes avant le traitement hormonal alors que ce dernier peut rendre les rendre infertiles (et à fortiori les opérations de vaginoplastie, métaoidioplastie, phalloplastie...) C'est une hypocrisie de la part de Centres d'Etude et de Conservation des OEufs et du Sperme humain, dans la même esprit que l’obligation de le stérilisation chirurgicale imposée aux trans, l'impossibilité pour les homosexuel-le-s d'adopter ou l’impossibilité pour les lesbiennes d'avoir accès à la procréation médicalement assistée. C'est considérer tout ce qui n'entre pas dans la norme hétéro-patriarcale comme « contre-nature » et empêcher, avec un tas de clichés en tête, sa propagation par la procréation. Il devrait être possible aux trans d'avoir recours à la conservation des gamètes et de mener à bien leurs éventuels projets de paternité ou de maternité comme ils/elles l’entendent.

14 - Ajouter l'identité de genre à la liste des 18 motifs de discriminations interdits par la loi

Favorable

Bien que les discriminations transphobes aient généralement les mêmes racines que les discriminations sexistes, la réduction de la transphobie à une discrimination sexiste ne permet pas de tenir compte des spécificités de la transphobie. La création de cette 19e catégorie est donc nécessaire.

15 - Former les fonctionnaires à l'accueil de publics trans

Favorable

Tout le monde devrait être traité avec respect, et ce même, lorsqu'il/elle appartient à une minorité. Nous sommes donc pour la sensibilisation des fonctionnaires, ainsi que la population en général.

16 - Eduquer les plus jeunes au respect des différences

Favorable

Comme nous l'avons déjà précisé plus haut, le genre est une construction sociale. Cette problématique doit être abordée dés le plus jeune âge, et ce, afin de lutter contre la transphobie et permettre aux jeunes de mieux comprendre leur identité. Nous demandons des cours sur l’identité de genre dès l'école, pris en charge par des associations féministes et LGBTI, ainsi que, de manière plus générale, l’intégration aux programmes scolaires de la notion de genre et des sexualités, et des interventions en milieu scolaire contre la LGBTIphobie par des associations LGBTI.

Nous sommes pour que les cours sur l'identité du genre soient intégrés dés l'école primaire.

17 - Aménager les conditions de détention des personnes trans

Favorable

En plus des conditions de détentions difficiles connus par la plupart des prisonniers (surpeuplement, etc...), les trans en prison sont souvent dans une situation déplorable due à la négation même de leur condition de trans, plus par le fait du personnel que des codétenus : confiscation de traitements hormonaux, humiliation, insultes, mépris du personnel médical... La prise en compte des spécificités des trans est plus que nécessaire, notamment en tenant compte de l'identité de genre des prisonniers, ainsi qu'en donnant la possibilité aux trans de commencer/continuer leur transition (y compris la continuité du traitement hormonal quand la transition est terminée) et sensibiliser le personnel au respect des trans.

Cependant, une amélioration des conditions générales de détentions est nécessaire, ainsi qu'une diminution des peines carcérales.

18 - Mettre en place une politique publique de lutte contre la transphobie

Favorable

Il y a beaucoup de travail pour lutter contre la transphobie et bien que mettre fin à la transphobie d'État par les moyens cités ci-dessus soit une étape nécessaire, ce n'est pas suffisant. Une vraie politique de lutte contre la transphobie est nécessaire. Cela passera un soutien financier aux associations, mais aussi par une sensibilisation de la population sur le sujet et des mesures comme la formation spécifique pour les professionnels de l’Education et de l’aide à l’enfance.

Une politique de lutte contre la transphobie dans le travail est aussi nécessaire. Elle prend de nombreuses formes, que ce soit à l'embauche (notamment avec le problème de papiers qui ne correspondent pas à l'identité de la personne), que pour les trans faisant leur coming-out au boulot (harcèlement, violences, licenciement injustifiés....) Nous voulons changer la définition du harcèlement moral qui pour l’instant n’inclut pas l’homophobie, garantir la nonpublication des identités des plaignant-e-s dans les recours pour transphobie, et garantir les mêmes droits sociaux pour tou-te-s…

19 - Respecter le droit d'asile des personnes trans

Favorable

Actuellement le droit d’asile est accordé au compte-goutte aux personnes menacées en raison de leur identité de genre. Nous revendiquons la régularisation immédiate de tou-te-s les sans papiers, l’inscription dans l’article 1er- A-2 de la Convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés, du terme « identités de genre » (ainsi que l'orientation sexuelle), la reconnaissance systématique du statut de réfugié-e-s à toute personne menacée en raison de son orientation sexuelle, de son identité de genre ou de son statut sérologique et la délivrance automatique d’un titre de séjour à toute personne PACSé-e.

20 - Appliquer les recommandations du Conseil de l'Europe

Favorable

Le Conseil de l'Europe a émis des recommandations sur les droits des trans. Le respect de ces recommandations, bien que nécessaires, ne sont pas suffisantes, car elles ne tiennent pas suffisamment compte de l'aspect coercitif de l'imposition par la société de deux genres bien délimités, ni du droit à chacun-e de disposer de corps et déterminer qui il/elle est. Nos revendications vont donc bien souvent au-delà.

Cependant, le non-respect de ces recommandations, montre le mépris des de la part des gouvernements actuels de France et de nombreux pays d'Europe envers les trans et l'application de ces recommandations seraient déjà une très grande avancé pour les trans.