Rencontre avec le MoDem

Toujours dans le cadre des élections municipales et cantonnales de Lyon, et suite au débat organisé le 21 février, Eric Lafond, candidat du MoDem à la Mairie de Lyon, a invité les associations LGBT à une rencontre à son QG de campagne le 5 mars 2008.

Etaient présentes les associations Moove, la LGP, le FGL et Chrysalide.
Côté MoDem, il y avait Eric Lafond, candidat à la maire de Lyon et tête de liste du 3ème arrondissement, Christophe Cédat tête de liste du 1er, Anne Pellet tête de liste du 2ème, Danièle Attias tête de liste du 4eme, Luc Fournier représentant de Centrégaux (asso lgbt du modem), et Ange Beltran (colistier sur le 1er) qui animaient le débat, et une dizaine de colistiers ou militants.

La discussion a duré plus de 2 heures. L'ouverture du mariage aux couples homosexuels a été largement discutée, de même que l'adoption. Les avis des candidats sur ce point étaient assez clairs: oui à la création d'un contrat d'union civile (ouvert aux homos et aux hétéros) reprenant très exactement les mêmes termes que ceux du mariage, mais pas ouverture du mariage, au motif que "le mariage a en France une grande connotation religieuse et il n'est pas utile de choquer les gens qui y sont attachés".
Concernant l'adoption, François Bayrou s'est positionné pour l'adoption simple.

L'éducation en milieu scolaire pour prévenir l'homophobie a aussi été abordée. Il nous a rapidement été dit que le problème en milieu scolaire était que la Mairie n'avait pas le pouvoir d'imposer quelque chose en classe. Tout est laissé à la discrétion des instituteurs. Par conséquent, si ceux-ci ne veulent eux-mêmes pas aborder ce sujet ou faire venir un intervenant, rien ne peut être fait. Le fait d'aborder des questions touchant à la sexualité à l'école primaire a divisé les candidats: les premiers considérant que les enfants sont trop jeunes, les seconds pensant au contraire qu'il faut justement aborder ces questions quand les enfants sont jeunes et trouvant ça positifs, car mettant les parents au pied du mur et les obligeant eux-mêmes à parler à leurs enfants.

Nous avons pour notre part indiqué qu'en tant que personnes trans, nous étions bien sûr concernées par ces questions, même si ce n'était pas forcément de manière directe, mais qu'avant de parler d'adoption, nous souhaitions pouvoir tout simplement pouvoir avoir des enfants. Nous avons donc expliqué qu'en France, même si aucun texte de loi ne le précise, les tribunaux imposent que pour pouvoir obtenir un changement d'Etat Civil il faut avoir été stérilisé chirurgicalement. Tous les participants ont été très choqués et ont dénoncé celà disant qu'ils n'étaient pas au courant, que c'était "incroyable", et qu'il y a là un vrai manque d'informations. Ange Beltran nous a alors demandé: "Et des médecins qui ont signé le serment d'Hippocrate sont complices de ces pratiques?". Nous avons alors expliqué que la transsexualité était encore classifiée avec les maladies mentales, et que nous, associations, nous battions précisemment contre cela et contre une certaine partie du corps médical qui s'approprie nos vies. Là encore, tout le monde a été scandalisé d'apprendre ceci et était d'accord avec l'importance que cette situation change. Nous avons aussi précisé que lorsqu'un couple était marié, les tribunaux exigeaient le divorce pour permettre un changement d'Etat Civil, et donc que le contrat d'union civil proposé par le MoDem ne répondait pas à notre situation.

On nous a cependant dit que la municipalité n'avait aucun pouvoir en la matière, et demandé ce que nous proposions pour faire avancer les choses. Nous avons suggéré de faire un travail avec les enfants en milieu scolaire sur la transidentité, pas forcement en parlant de sexualité, mais de genre, de ce qu'est un homme, une femme, des questions de féminismes, car il s'agit de sujets très liés au final. Mêmes réserves que précédemment là-dessus, mais certaines personnes (notamment Anne Pellet et Daniele Attias) ont parlé de l'importance de l'éducation des enfants sur ces sujets pour éviter les comportements sexistes. A noter que Daniele Attias a beaucoup travaillé avec des associations féministes, et a été chef de cabinet de Simone Veil. Elles ont par ailleurs indiqué qu'il y avait aussi d'autres moyens de communications possibles, comme une campagne d'affichage.

Nous avons insisté sur l'importance de communiquer sur ce qu'est vraiment la transidentité, sur le fait que tout le monde avait une vague idée de ce qu'était une personne transsexuelle (avec tout ce que ça comporte comme clichés), mais que la réalité était bien plus riche. Par exemple, certaines personnes ne souhaitent pas forcement être opéré-e, certaines sont hétéro, d'autres sont homo, etc. Tout le monde a là encore admis que cette question était très mal connue et qu'il était important de faire bouger la société.

Au final, nous tirons un bilan très positif de cette rencontre. Il y a eu une vraie prise de conscience de certaines situations vécues par les personnes trans et de tout ce que ça comporte d'inacceptable dans notre société. Certains participants, comme Anne Pellet, nous ont d'ailleurs proposé de nous revoir pour discuter plus en détails de ces questions. Bien sûr, tout ne va pas changer demain, mais il s'agissait avant tout pour nous de faire connaître la situation des trans et d'effectuer un travail de sensibilisation, pour que ces personnes, qui auront certainement tous des responsabilités politiques à un moment de leur vie puissent faire avancer les choses pour nous, et qu'ils sensibilisent à leur tour d'autres personnes. Nous sommes d'autant plus contents qu'après le débat, nous avons discuté de manière informelle, et nous avons pu constater que les candidats avaient vraiment compris le message que nous voulions faire passer.

Nous concluons en indiquant que le PS a lui aussi proposé de nous recevoir, mais aucune date n'est arrêtée à ce jour (16 mars 2008).