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Le parcours FtM : hormonothérapie et chirurgies

I. L'Endocrinologie FtM

1.1. Le passing ou comment vivre son identité masculine sans avoir recours à la médecine

Il y a autant de façons d’être FtM que de FtM, chaque démarche est louable et personne n’a le droit de juger de la crédibilité d’un garçon qui veut assumer sa vie d’homme . Modifier son mode de vie de manière progressive pour rompre avec l’identité féminine telle que la société la construit est une étape indispensable pour entamer une transition psychologique, sociale et médicale viable.
Pour s’éloigner le plus possible des codes de la féminité, on commencera par exemple par porter des vêtements plus masculins et par avoir une coupe de cheveux plus masculine, ce qui permettra d’adopter cette attitude pleine d’assurance et de désinvolture qui est d’ordinaire l’apanage des hommes. Exprimer sa masculinité dans son attitude sera également rendu plus facile par le port d’un binder (brassière ou T-shirt de compression) ou d’une ceinture lombaire sur la poitrine, et par le packing (mettre une chaussette dans son slip, utiliser un « pisse-debout » ou bien porter carrément une prothèse pénienne réaliste) !
On pourra également s’affirmer et se réapproprier son corps de manière à le rendre plus conforme à l’image que l’on a de soi et à la manière dont on veut être perçu. On cultivera ainsi une minceur extrême pour effacer sa poitrine et ses hanches, on pourra au contraire prendre du poids pour tenir plus de place, faire de la musculation, conserver sa pilosité… tout cela afin de se délivrer de ce corps féminin dont l’apparente fragilité peut être si humiliante. Enfin, on pourra choisir de modifier son corps de manière esthétisante au moyen de bijoux, de tatouages, de piercings, du branding, de scarifications ou d’autres modifications corporelles qu’elles soient ou non réversibles.

1.2. Le Traitement Hormonal Substitutif

Vous n’êtes en aucun cas tenu de prendre des hormones. Si vous désirez faire cette démarche, il vous faudra attendre l’aval d’un psychiatre (sous la forme d’une autorisation écrite) pour aller voir un endocrinologue. Toutefois, il reste possible de trouver un médecin généraliste compréhensif qui puisse vous aider. Vous n’êtes pas non plus tenu de vous adresser à un psychologue ou à un endocrinologue des équipes autoproclamées ‘officielles’. Il faut cependant savoir que les endocrinologues sont loin d’être des experts, dans leur écrasante majorité ils ne connaissent rien au Traitement Hormonal Substitutif spécifique aux trans. D’ailleurs, les hormones sont au départ prévues pour des personnes ‘bios’ afin de suppléer à un déficit naturel. Rien n’est donc prévu pour les trans ; comme il n’y a pas de recherche, les connaissances s’acquièrent par tâtonnements et le suivi endocrinologique reste parfois du bricolage. De ce fait, nous devons être ‘savants’ et ‘actants’ dans notre traitement même si nous restons des patients aux yeux de la médecine .
Le traitement hormonal à destination des FtM est à base d’androgènes, c'est-à-dire de testostérone ; il est à prendre à vie et de manière régulière. Mais avant de vous lancer dans la grande aventure des hormones, votre endocrinologue devra vous prescrire une série de tests importants pour faire le bilan sur votre état de santé.
Tous ces tests sont primordiaux, il serait aberrant que l’on vous prescrive quoi que ce soit et que l’on prétende vous suivre médicalement s’ils n’étaient pas préalablement effectués. On vérifiera ainsi vos taux d’oestrogènes et de testostérones et on fera le point sur votre glycémie et votre cholestérolémie. Si votre morphotype est considéré comme ambiguë selon les critères étroits de la médecine : hyperpilosité, hanches étroites et muscles développés, organes génitaux « hors normes » (un clitoris dit ‘hypertrophié’ ou un pénis soit disant ‘trop petit’…), alors on fera également un test pour déterminer votre caryotype. Après tout, peut être êtes-vous intersexe sans le savoir ? Il paraîtrait que 50% des personnes intersexes ne sont pas « satisfaites » du sexe (et donc du genre) qui leur a été assigné !
Une fois tous ces tests effectués, votre endocrinologue vous proposera très sûrement de prendre un produit anti-œstrogène – de la progestérone – de type Lutenyl (en pilule ou par injection) ou Luteran. Ces produits ne sont pas de simples médicaments à ‘effets miroirs’ des anti-androgènes de type Androcur qui semblent plus dangereux qu’utiles aux MtF. La chimie corporelle n’est pas une équation aussi simple.
Même si ces produits restent controversés, le Lutenyl ou le Luteran ont une vraie utilité et n’induisent pas de chute de la libido ni de l’humeur, au contraire de l’Androcur. Son seul véritable effet secondaire est la prise de poids, qui peut aller jusqu’à 15 kilos. On dit qu’ils ‘préparent’ à la prise d’androgènes dans le sens où ils mettent au repos les ovaires. Sans eux, vous continuez à avoir vos règles au début du traitement et vous vous exposez au développement de kystes ovariens sous 2 à 3 ans. La prise de progestérone féminine permet de ne pas avoir à subir d’hystérectomie, et comme le sevrage de testostérone reste possible, garder son système reproducteur peut éventuellement permettre d’être papa un jour et de donner soi-même naissance à son enfant en se faisant inséminer, ou bien par ce qu’on partage la vie d’une femme trans MtF ou d’un garçon qui aime les garçons.
Il existe différents produits pour suivre un traitement virilisant à base d’androgènes. Il est impératif de toujours prendre des hormones chimiques de synthèses, et surtout jamais d’origine naturelle. Le plus couramment prescrit est l’Androtardyl 250mg/ml par injection intramusculaire (11€) toutes les 2 à 4 semaines. C’est un androgène composé de 250 mg d'énanthate de testostérone stabilisé dans de l'huile de sésame (attention à une éventuelle allergie). La testostérone est libérée « à retardement » sur 2 semaines de manière à garantir un taux relativement stable dans l’organisme. Vous pouvez faire pratiquer les injections par une infirmière libérale, ou par votre ami/ie qui ne manquera pas d’aller réviser la démarche à suivre sur Internet . Vous pouvez également faire votre injection vous-même comme le montre en images Izechiel sur son site .
Il existe d’autres types de produits, même si l’Androtardyl reste le plus efficace comme nous le confirme l’expérience de Lazz : Le Pantestone (cachet, voix orale), l’Andractim (gel, voie cutanée) et l’Androgel 25mg (gel, voie cutanée) qui n’est pas du tout remboursé par la Sécurité Sociale. A noter qu’il ne faut jamais appliquer ces gels à base d’alcool sur les muqueuses ou des plaies sous peine de brûlures.
Les effets du traitement hormonal sont variables selon les personnes ; comme chez les personnes ‘bio’, il ne s’agit pas d’appliquer une recette de cuisine parfaitement pour obtenir un résultat à tous les coups. Les effets apparaissent lentement mais sûrement, les surdoses n’ayant pour seul effet que d’endommager votre santé. Bien sûr, plus le traitement est proche de la puberté, plus ses effets seront probants. On pourra consulter des blogs tenus par des FtM en pleine transition pour apprécier la variété des expériences vécues .
Les effets psychologiques sont à prendre en compte autant que les effets physiques : peu importe de savoir si le ressenti change à cause d’une action chimico-hormonale opérée sur le cerveau ou bien s’il varie en fonction de la manière dont vous percevez votre corps et le monde dans lequel vous évoluez. Dès le début du traitement, on peut constater chez la plupart des garçons FtM une immense sensation de bien-être, d’apaisement et de sérénité. Celle-ci s’accompagne souvent d’une intensification des besoins et des désirs sexuels , sans nécessairement perdre toute envie de câlins plus sensuels ; enfin, la testostérone a la réputation d’ouvrir l’appétit et de rendre plus facilement agressif.
Les effets physiques réversibles et les irréversibles se combinent entre eux. Les effets réversibles constatés chez la grande majorité des FtM sont : l’augmentation importante de la masse musculaire (bras, épaules, cou, dos, cuisses…) et le développement de la pilosité (corps et visage) dû à l’effet anabolisant de la testostérone, l’éventuelle chute des cheveux (pouvant mener plus tard à une calvitie), l’épaississement de la peau qui devient également plus grasse (la concentration en sébum provoquant souvent d’importantes crises d’acné, et pouvant favoriser l’apparition des kystes et des furoncles) et la modification des odeurs corporelles. On a également constaté l’arrêt progressif des règles et la redistribution de la graisse menant à une redéfinition de la silhouette (les pommettes ‘fondent’, réduction de la taille des seins, des hanches, éventuelle ‘prise de ventre’…). En cas d’arrêt du traitement, même après une longue période, vous perdrez tous ces bénéfices.
Seuls restent irréversibles les effets suivants : la mue de la voix due à cette forme de ‘deuxième puberté’ qu’est la transition ‘F’ vers ‘M’ et le développement de la pilosité faciale et corporelle. La perte des cheveux est également définitive. Le clitoris pourra conserver sa taille acquise grâce au traitement .
D’autres effets – indésirables et pourtant quasi inévitables – apparaissent sous tout traitement à base d’androgènes : risque de développer des kystes ovariens (surtout si l’on n’a pas pris de Lutenyl ou de Luteran), augmentation graduelle de la graisse viscérale, de la tension artérielle, de la cholestérolémie, des triglycérides et du taux d’enzymes du foie. On constatera également une sécheresse vaginale, un rétrécissement de l’utérus et des douleurs abdominales (en particulier après un orgasme par stimulation clitoridienne).
Certaines idées reçues persistent, pourtant il faut bien vous faire à l’idée que vous ne grandirez pas et que votre pointure de chaussures restera la même, à moins bien sûr d’avoir commencé votre traitement à la puberté ! Cette impression d’avoir gagné des centimètres est sans doute due aux effets de bien être procuré par la prise d’hormones.
Il faut aussi savoir que, puisqu’il n’existe pas d’études sérieuses sur les conséquences à long terme d’un tel traitement, beaucoup de choses restent du domaine de la simple conjecture. Ainsi, sur le long terme, on ne sait pas si la santé d’un FtM va être exposée aux mêmes risques qu’un homme ‘bio’ « seulement », ou bien si elle va être exposée aux risques de santé auxquels sont sujets à la fois les femmes ‘bio’ et les hommes ‘bio’. On ne connaît pas non plus les risques réels de cancer de l’utérus et des ovaires dus à la prise d’androgènes. Enfin, on connaît mal les conséquences d’éventuelles interactions médicamenteuses entre d’autres traitements que l’on prend à vie tels que les traitements anti-rétroviraux pour les personnes séropositives ou bien les traitements à base d’antidépresseurs ou de thymorégulateurs pour les personnes dépressives ou bipolaires. On peut cependant supposer des effets néfastes sur le foie.
Il ne nous reste donc qu’à faire preuve de bon sens pour profiter au mieux du bonheur que procure cette nouvelle vie : en amont du traitement, il est donc recommandé de perdre du poids, d’arrêter de fumer et de boire. Et tout au long du traitement, c'est-à-dire pour le reste de la vie, il est impératif de surveiller son alimentation et de se mettre au sport si çà n’était pas déjà fait. Il est aussi nécessaire d’aller voir un gynécologue de manière régulière, surtout si l’on n’a pas subi d’hystérectomie (auquel cas, il ne faut pas hésiter à demander que soit pratiquée une échographie) et / ou si l’on fait l’amour en utilisant son vagin.

II. La chirurgie FtM

Avant de nous pencher sur le problème hautement savant des opérations chirurgicales, il me paraît primordial de rappeler que l’identité ne se résume pas à l’apparence des parties génitales : être un homme ne se réduit pas à la possession d’un pénis… Il ne s’agit donc pas d’aller « jusqu’au bout » comme le formule certaines personnes trans ou ‘bio’ qui considèrent que la phalloplastie est un aboutissement, l’étape finale qui fera de nous des hommes. Ecouter ce genre de formules, c’est avant tout aller jusqu’au bout de la norme, c’est laisser les autres décider pour soi et se soumettre à leur représentation mentales de ce que doit être un homme, et donc de ce que l’on doit être pour être clairement identifiable pour eux. Beaucoup de gens préfèreront cultiver leur pilosité ou mettre en valeur leur sexe d’une manière ou d’une autre ; un copain m’a dit un jour qu’il préférait de toute façon porter un gode lors des rapports intimes : « les godes c’est mieux que les bites, on peut changer la couleur !» A méditer…
Si être FtM, c’est enfin s’affirmer pour devenir soi-même, la seule chose à faire c’est se demander honnêtement si l’on préfère être conforme au regard des autres ou bien être en accord avec soi-même. A partir de ce moment-là, les opérations choisies pourront être source véritable d’épanouissement.
Bien sûr, pour certains d’entre nous, l’existence d’un sexe anatomique en l’état est une véritable torture, le rappel de l’assignation arbitraire que la nature a tenté sur eux ; pour ces personnes, les opérations restent une nécessité psychologique vitale. Elles doivent se faire opérer et ont droit à la meilleure information possible sur les types de chirurgie qui existent. Il faut savoir que toutes les opérations de Chirurgie de Réassignation Sexuelle sont irréversibles et comportent comme toute intervention chirurgicale des dangers et des risques de complications. Enfin, n’oublions pas que nous sommes victimes d’une certaine idéologie qui fait que nos besoins et nos souffrances ne sont pas jugées comme étant aussi légitimes que ceux d’une personne ‘bio’ : le moins que l’on puisse dire, c’est que les chirurgiens ne sont pas stressés par une quelconque obligation de résultat, qui est particulièrement aléatoire surtout en ce qui concerne la phalloplastie.

2.1 L’hystérectomie

La première opération pratiquée après le début de la prise d’hormones est soit la mammectomie, soit l’hystérectomie dont nous traitons dans cette sous partie. Cette opération est une castration irréversible dont le nom complet est hystérectomie totale avec annexectomie ; elle est réalisée par un chirurgien gynécologue obstétricien et sera précédée d’un bilan sanguin. Elle consiste en l'ablation chirurgicale de l'utérus, du col de l'utérus, des ovaires et des trompes. On peut choisir de conserver son utérus pour éviter tout risque de descente d’organes, on parle alors d’ovariectomie. Elle se réalise de deux manières selon la méthode employée par votre chirurgien. Soit par voie abdominale (par une ouverture de l'abdomen), soit par voie vaginale. D’importantes douleurs apparaissent les jours suivant l’opération ; en générale, les cicatrices laissées sont pratiquement invisibles .
Même si le risque de cancer n’est absolument pas avéré en ce qui concerne les FtM puisque aucune étude n’a été réalisée à ce propos, il n’en demeure pas moins qu’une fois cette opération pratiquée, votre corps ne produira plus jamais d’oestrogènes ; mais comme il ne secrétera jamais suffisamment d’androgènes non plus (grâce aux glandes surrénales), vous ne pourrez pas cesser votre traitement hormonal virilisant à moins de faire courir de très graves risques à votre corps : le métabolisme a besoin d’une certaine quantité d’hormones (oestrogènes ou androgènes) pour être régulé.
D’un point de vu juridique, il est important de savoir que la législation reste floue en France sur les conditions qui permettent de prétendre à un changement d’état civil pour les FtM . Selon le tribunal auquel vous vous adressez, l’hystérectomie peut ne pas être suffisante pour obtenir un changement d’état civil. Tous les tribunaux exigent que soit pratiquée une mammectomie et une opération de castration (bien que les risques de cancer ne soit pas avérés…), mais si pour certains l’hystérectomie « suffit », d’autres exigent la phalloplastie ou la métaoidioplastie (qui incluent toutes deux une hystérectomie).

2.2 La construction du torse masculin par mammectomie

Selon ce que vous aurez choisi, la mammectomie sera la première ou la seconde opération que vous ferez pratiquer. Les techniques utilisées par un praticien et le résultat auquel il peut prétendre varient énormément d’un chirurgien à l’autre. Dans tous les cas, rien ne sert de s’emballer : grâce aux hormones, votre corps se met en place, vos muscles se développent et vos seins diminuent de taille, surtout si vous faîtes du sport. Si vous avez de la chance, vous n’aurez peut-être même pas besoin de vous faire opérer…
Avant l’opération, il est conseillé de perdre du poids (cela facilitera le travail du chirurgien) et d’arrêter de fumer afin de minimiser les risques de nécrose. L’opération elle-même doit être précédée d’une période de sevrage hormonal d’environ trois semaines, d’un bilan sanguin et d’une consultation au cours de laquelle on pratiquera des palpations et éventuellement une mammographie ou une échographie mammaire.
La mammectomie, ou mastectomie bilatérale, consiste à ôter une bonne partie des glandes mammaires (en tout, il y en a quinze à vingt par sein) et les tissus graisseux et fibreux qui donnent leur forme et leur consistance aux seins. On laisse les muscles intacts et on conserve une petite partie des glandes mammaires pour prévenir les nécroses.
En ce qui concerne les FtM, la mammectomie n’est pas tant une ablation des seins que la construction d’un torse masculin. L’ablation et la reconstruction se font selon différentes techniques . Cette opération dure entre 1h30 et 3 heures et coûte de 2000 à 4000 euros. L’hospitalisation dure environ 3 jours et l’arrêt de travail environ 10 jours puisque on ne peut pas bouger les bras pendant une bonne semaine.

2.2.1. La liposuccion

Pour ceux ayant une poitrine vraiment très petite, une simple liposuccion au moyen de quelques minuscules incisions est suffisante. Le seul risque concerne la prise de poids : si vous grossissez, vos seins réapparaîtront aussitôt.

2.2.2. Mammectomie par technique sous aréolaire et péri aréolaire

Cette technique est réservée aux poitrines bonnets A et B au maximum. La cicatrice par laquelle les glandes mammaires sont retirées est pratiquement indécelable puisqu’elle se trouve dans l’aréole. Pour reconstruire le torse, on enlève l’excèdent de la peau autour de l’aréole. Des retouches restent toujours possibles.

2.2.3. Mammectomie par double incision

C’est la technique la plus utilisée. Elle laisse toujours des cicatrices qui s’atténueront avec le temps (et grâce à l’application de crèmes spéciales) et seront éventuellement recouvertes de poils. Ces cicatrices font partie de notre évolution psychique et physique. Elles appartiennent à l’histoire de notre corps et en tant que telles, on peut les considérer comme un rite de passage pour entrer dans la communauté des hommes trans.
La technique opératoire peut être décrite comme suit : afin de retirer les glandes mammaires, on tire le sein ‘vers le bas’ et on pratique une profonde incision juste en dessous du futur torse, là où se retrouvera une cicatrice dite « thoracique arciforme ». Pour reconstruire le torse, on recoud ensuite l’endroit incisé après avoir ôté l’excédant de peau, et on replace les tétons (qui sont retaillés si besoin est) sur la ligne médio claviculaire. Pour que le résultat soit le plus joli possible, il est recommandé de ne pas porter son binder trop serré afin que les seins ne soient pas trop déformés.
Les risques liés à l’opération sont variables. Comme pour toute opération chirurgicale, on s’expose à des risques d’hémorragie, de fibrose et de dégénérescence des cicatrices. Si votre téton est mal irrigué, vous risquez une nécrose du téton (surtout si vous fumez) ; il pourra être reconstruit chirurgicalement pour qu’il recouvre son apparence initiale mais pas sa sensibilité.

2.3. Les Chirurgies de Réassignations Sexuelles

2.3.1. La métaoidioplastie

Cette intervention qui a pour but de modifier l’apparence et la fonctionnalité des organes génitaux, comporte plusieurs aspects. Elle implique nécessairement une hystérectomie, et la fabrication d’un neopénis allant de 4 à 10 cm en dégageant à la base le clitoris que la prise d’hormones a rendu ‘hypertrophié’ (‘dicklit’) et en en coupant le ligament suspenseur (certains chirurgiens injectent également du collagène dans le clitoris). Le vagin n’est refermé que si le patient en fait la demande ; on peut également faire placer des implants en silicone dans les grandes lèvres et les recoudre afin de former le scrotum, et demander une intervention sur l’urètre afin de pouvoir uriner debout (l’autre solution étant de laisser l'urine s'écouler sous les testicules).
La métaoidioplastie dure de 3 à 4 heures et, contrairement à la phalloplastie, ne nécessite aucune greffe de peau ni de nerf, et comporte donc moins de risques qu’une phalloplastie . Malheureusement, cette opération n’est pas encore pratiquée en France, mais seulement aux Etats-Unis et en Serbie. Les témoignages rapportent que les sensations sexuelles d’avant l’opération sont largement conservées. Cependant, aussi réussi que soit le résultat, le pénis ne sera jamais assez rigide pour permettre une pénétration anale et à peine un début de pénétration vaginale. De plus, on pourra toujours se faire pratiquer une phalloplastie ultérieurement. L’arrêt maladie habituellement prescrit est compris entre 2 et 3 mois et les prix pratiqués sont extrêmement variables.

2.3.2. Phalloplastie

La phalloplastie est plus connue et plus pratiquée que la métaoidioplastie bien qu’elle se passe très rarement sans complication. Après hystérectomie et fermeture du vagin, un neopénis est formé selon deux méthodes qui ont toutes deux leurs avantages et leurs inconvénients. Afin de donner une idée des gestes pratiqués durant l’opération, on peut essayer de résumer les choses ainsi : selon une première technique, le pénis est fabriqué à partir d’un muscle et de la peau de la cuisse ou de la hanche, et est rendu érectile à l’aide d’une prothèse (ce qui laisse peu de cicatrices, mais on ne peut pas uriner par son pénis).
Une seconde technique plus sophistiquée et donc plus risquée (elle se fait généralement en plusieurs interventions) permet de former le pénis à partir d'un lambeau de peau en forme de ‘bouteille’ prélevé sur le bras. Par la suite, le lambeau est enroulé de manière à former un cylindre et est rendu sensible par le prélèvement et la greffe de nerfs et de veines (dont l’artère radiale présente dans l’avant bras). Le pénis est alors réimplanté et vascularisé. L’urètre peut être reconstruite pour permettre d’uriner debout. Des implants testiculaires en silicone peuvent être posés dans les grandes lèvres que l’on recoud de manière à former le scrotum. On peut enfin implanter une prothèse érectile sous la forme d’une tige semi-rigide ou d’un tube que l’on peut gonfler et dégonfler grâce à une petite pompe à eau située dans le bas ventre ou dans une des testicules. Le pénis pourra atteindre les 12 à 14 cm, et on fera tatouer le gland afin de donner une couleur plus foncée à sa peau car le pénis reste relativement pâle à cause de son manque d’irrigation vasculaire, à l’inverse du pénis des hommes ‘bio’.
L’opération – surtout selon la deuxième technique présentée – étant lourde et technique, les risques de complication sont très importants. Elle dure de 10 à 12 heures. L’arrêt maladie habituellement prescrit est compris entre 2 et 3 mois et les prix pratiqués sont extrêmement variables, comme pour la métaoidioplastie. Parmi les complications, on compte la perte totale de sensation, les nécroses, les infections urinaires à répétitions, le rejet de la greffe, l’incontinence, la perforation de la verge par la prothèse érectile lors de la pénétration…
Les résultats en France sont réputés pour être particulièrement médiocres, tant sur le plan esthétique que fonctionnel : l’urètre est rarement reconstruit, la sensibilité sexuelle est presque toujours endommagée et la pose d’une prothèse érectile est très rarement une réussite. Il faut savoir que la pénétration reste impossible dans la très grande majorité des cas et quelque soit la technique utilisée.

III. Quelles questions poser lorsqu'un FtM va voir un chirurgien ?

Pour ne pas se lancer ‘à l’aveuglette’ dans les opérations, il faut prendre le temps de s’informer en s’inscrivant par exemple sur le forum de Lazz (http://forum.ftmvariations.org/) pour discuter avec d’autres FtM et récolter leurs témoignages, ou sur http://www.transster.com/ afin de consulter des photos de résultats d’opérations. Visiter les forums et les sites spécialisés ne remplacent pas une bonne discussion, parler à un FtM déjà opéré est probablement ce qu’il y a de mieux. Dans tous les cas, ne vous retrouvez jamais seul et sans informations face au corps médical, vous risqueriez de vous laissez convaincre d’accepter quelque chose pour lequel vous n’êtes pas prêt ou qu’au fond vous ne souhaitez pas vraiment.
Votre corps vous appartient et votre démarche est légitime, même si elle peut être perçu comme ‘étrange’ par certains. Vous êtes en droit d’être informé au mieux et de poser toutes les questions nécessaires à votre compréhension. Vous devez donc poser les questions d’ordre général (du type : combien de phalloplasties avez-vous déjà pratiquées…) telles que les définies Tom sur sont site : être conscient de ce que peut ou ne peut pas faire votre chirurgien vous évitera d’être être déçu, d’autant que certains sont plus compétents que d’autres, d’autres encore sont plus vantards.
Au regard des explications données précédemment et de tous les sites et photos consultés (beaucoup sont mentionnés en note de bas de page), on pourra par exemple demander en ce qui concerne la métaoidioplastie et la phalloplastie :

Conserve-t-on ses sensations ?
Un gland est-il construit ? Sera-t-il innervé ?
Le pénis permettra-il une pénétration (vaginale et anale) ?
Peut-on uriner debout ?
Quelles sont les implications si on veut garder son vagin ?
Peut-on entrer en érection ?
Quelles cicatrices résultent de l’opération ?
Peut-on atteindre l’orgasme en se masturbant ‘comme un homme’ ?

IV. Codification et Nomenclature : Codes CCAM pour FtM

4.1. Hystérectomies :

4.2. Mammectomies :

4.3. Phalloplasties :

V. La Chirurgie à Gand (Belgique): Quelques mots sur la chirurgie FtM de Monstrey

Je n’ai pas d’informations nouvelles à apporter sur les opérations de phalloplastie pratiquées par Monstrey. Ne voulant pas faire de désinformation ni de publicité gratuite, je signalerai simplement quelques sources utiles d’informations. Lazz en parle sur son site , et sur http://www.ftmphallo.com, on peut trouver le long témoignage d’un patient très satisfait et des photos de cinq patients opérés ainsi qu’un article du très célèbre James Green qui rend hommage à la qualité des soins post-opératoires de sa clinique .

VI. Esthétique, pilosité et phoniatrie pour FtM

Nous pouvons également être concernés par des problèmes relevant de l’ordre de l’esthétique et du confort. De nombreux garçons voudraient voir leur pilosité faciale se développer d’avantage et plus vite. Comme pour la prise de muscles, et malheureusement la prise de poids, il faut regarder ces antécédents familiaux pour savoir ce que l’on peut espérer ou redouter. Il n’y a pas de solution miracle sinon le rasage. On pourra éventuellement consulter un dermatologue et se renseigner avant d’envisager la prise de produits de type Minoxidil, Alostyl ou Rogaine. Ces produits sont extrêmement chers et non remboursés ; de plus ils sont connus pour accélérer le biorythme des cheveux et non celui des poils, alors mieux vaut consulter un médecin au lieu de commander sur Internet.
Un autre soin esthétique dont j’ai précédemment fait mention est le tatouage de la verge et du gland pour leur donner un aspect plus ‘naturel’. Cela ne se pratique évidemment pas dans un salon de tatouage mais chez un dermatologue spécialisé. L’effet est très appréciable mais il faut savoir que les couleurs des tatouages esthétiques permanents virent souvent du noir au bleuté ou du rouge à l’orangé.

VII. Les expertises

La modalité des expertises est – tout comme les conditions de changement d’Etat-civil – laissée à la totale discrétion des tribunaux de chaque ville où sont adressées les demandes de changement d’Etat-civil. Ce qui est certain, c’est que de nombreux témoignages rapportent l’expérience comme étant soit intolérable physiquement et psychologiquement, soit tout bonnement ridicule et inutile. On pourra à nouveau consulter le forum de Lazz pour trouver des exemples de témoignages à ce sujet.


David Latour 2007, tous droits réservés.
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